En voilà un.
Domaine Mathilde et Yves Gangloff - Côte Rôtie "la sereine noire".
De la Syrah bien sûr...
Nord de la Vallée du Rhône, des sols à trés grande tendance granitique.
Je ne parlerai pas d'un millésime en particulier ou de tout l'historique du domaine car je n'en ai pas les moyens. Je voudrais juste réveiller pour quelque instants en votre compagnie l'émotion qui fut la mienne lorsque ce vin croisa ma route.
La première rencontre était sur un millésime 2000... je ne sais quel superlatif utiliser...
Nous étions en 2004 et j'achète le vin un peu à l'aveugle sur la simple raison que j'avais réussi à en avoir.
Je tope rapidement le client qui va me permettre de dégoupiller le saint flacon...
J'ai à ce moment le privilège rarissime de vivre la même expérience que le client... la découverte de la grosse bombe... D'habitude, c'est de l'empathie...
Alors je dégoupille...
Une couleur trés sombre... goudronneuse... rien ne passe...
Un nez tout aussi sombre... pas vraiment de fruit... plutôt le cuir, l'épice, le tabac...
Test de micro oxydation oblige.... je remets mon nez dessus... même tarif, toujours aussi sombre... mais tellement franc, tellement opulent... je m 'impatiente de le goûter et je me jette...
Je le fais vivre dans ma bouche et rien ne l'arrête... la grosse boule de matière goooooonfle à l'infini. Toujours le tabac, le goudron, l'épice mais soutenus par une fraîcheur magnifique et des tannins grondant comme Conan le Barbare au fond d'une grotte...
Je me laisse aller au combat que je ne gagnerais pas bien sûr mais je me suis laissé subjuguer par ce vin... tellement... différent... tellement énorme et si cohérent... j'aimerai pouvoir le regoûter aujourd'hui...
J' ai pu aussi goûter un autre millésime. Le 2006 que j'avais aussi acheté pour un autre restaurant.
Encore une fois... le bon client... Un couple suisse super top, habitué de l'hôtel, et déjà en totale confiance de mes choix lors de la commande... En plus, j'ai de la chance... ils adorent le côte rôtie!!
Alors on dégoupille à nouveau...
Cette fois beaucoup moins sombre... il reste cependant trés opaque.
Je le hume et retrouve un côte rôtie sur l'épice avec un brin de violette... un peu de fruit comme la prune...
Re test de micro oxydation et je goûte!
Complètement différent!!
Droit comme un rail, pas de grondement cosmique cette fois... mais la noblesse des tanins, le tissage serré de la structure,tout est magnifique... rien ne dépasse mais rien ne se cache non plus... un grand pied une deuxième fois!! mais sur une autre mélodie maintenant. Plutôt sur le son du sabre de Musashi. Samourai en quête du geste parfait...
Petit bémol... après une bonne série, certaines bouteilles goutaient vraiment différemment et plutôt mal... en tout cas, décevant...
Alors... et vous ? il était comment?... Conan le Barbare ou Musashi?
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